Les milieux humides, régulateurs environnementaux
Faisant le lien entre la terre ferme et les milieux aquatiques, les milieux humides sont souvent des marécages aux sols plus ou moins solides. Même s’ils semblent peu attrayants, ces milieux sont à la base de notre écosystème et jouent un rôle capital dans le maintien d’un environnement sain.
Les interactions entre les plantes, les sols, les micro-organismes et les animaux des milieux humides font de ces milieux un des écosystèmes les plus productifs de la Terre :
- alimentent les nappes d’eau souterraines; réduisent les dommages liés aux inondations en absorbant les précipitations;
- réduisent les émissions de gaz à effet de serre en emprisonnant le carbone;
- améliorent la qualité de l’eau grâce à leur capacité à filtrer les sédiments;
- contribuent aussi à la biodiversité en abritant la moitié des espèces menacées ou vulnérables au Québec;
- sont une source de nourriture, de fibres végétales, de ressources génétiques, de produits biochimiques, de médecines naturelles et de produits pharmaceutiques.
Constituant plus de 12 % de la superficie du Québec, les milieux humides du Québec sont de plus en plus menacés, en particulier par la construction immobilière et les activités agricoles.
Sept chercheurs font le bilan
Pour contrer la destruction de ces milieux régulateurs de notre écosystème, le gouvernement du Québec a demandé à sept scientifiques du Centre de la science et de la biodiversité du Québec de se pencher sur la question et de recommander des mesures pour les protéger.
Après deux années de recherche, les scientifiques ont présenté leur bilan dans un rapport publié en avril dernier.
Mettant en lumière le manque de suivi pour assurer la restructuration ou le remplacement des milieux humides advenant leur destruction, ils ont annoncé une
perte nette de 99 % des milieux humides détruits au Québec.
Cela signifie que seulement 1 % des milieux humides détruits ont été remplacés de façon durable. Ce chiffre alarmant peut s’expliquer par le fait que « les milieux humides ont une valeur économique réelle mais intangible, ce qui fait qu’ils ne font guère le poids par rapport à la valeur économique des services et produits résultant de leur destruction. »
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Après avoir dressé des cartes précises des milieux humides au Québec et de leur état, les chercheurs ont conclu que la région des basses-terres du Saint-Laurent a été la plus perturbée au cours des dernières années et sera particulièrement à risque pour les années à venir.
Ils ont donc émis des recommandations claires afin d’atteindre l’objectif ambitieux d’une
perte nette de 0 %, c’est-à-dire qu’aucun milieu humide ne serait détruit ou endommagé à moins d’être totalement restauré par la suite.
Politique d’aucune perte nette
Une gestion plus rigoureuse, l’émission de certificats et une réglementation plus sévère seraient au cœur du succès de l’opération. En effet, en ce moment, des activités forestières et agricoles peuvent être menées sur des milieux humides sans certificat. Il faudrait donc réglementer le tout afin que toute personne ou entreprise altérant un milieu humide ait besoin d’un certificat. Cela permettrait de comptabiliser le tout et de s’assurer de la restauration des milieux.
De plus, une plus grande formation sur le fonctionnement des milieux humides et sur leur importance devrait être donnée aux intervenants du domaine afin que soient prises les bonnes décisions.
Finalement, les scientifiques suggèrent de créer un comité consultatif afin d’élaborer une vision et d’assurer une gestion cohérentes des milieux humides au Québec.
Croyez-vous qu’il sera possible de protéger les milieux humides et de convaincre les différents acteurs de leur importance ?
Sources :
1 PELLERIN Stéphanie et POULIN Monique, « Analyse de la situation des milieux humides au Québec et recommandations à des fins de conservation et de gestion durable, rapport final », avril 2013, 104 p.
DÉVELOPPEMENT DURABLE, ENVIRONNEMENT ET PARC, « Les milieux humides et l’autorisation environnementale », juillet 2012, 41 p.