Le Québec est parsemé de lacs et d’étendues d’eau. Non seulement ils offrent des paysages à couper le souffle, mais ils jouent aussi un rôle vital dans l'équilibre écologique et économique de plusieurs régions. Depuis quelques années, l’état des lacs du Québec semble devenir de plus en plus préoccupant. Qu’en est-il réellement de la santé de ces précieux écosystèmes et de la préservation de l’eau?
Aujourd’hui, plus de 800 lacs sont membres actifs du Réseau de surveillance volontaire des lacs (RSVL). Les informations disponibles pour le moment concernent cependant 765 lacs. Au total, 204 plans d’eau sont considérés comme préoccupants. Parmi eux, 10 sont considérés comme hyper-eutrophes (pire stade) et 19 sont eutrophes (l'avant-dernier stade).
L’échelle d’évaluation mentionnée possède sept stades :
Ces données proviennent du Réseau de surveillance volontaire des lacs. Il s’agit d’un programme du ministère de l'Environnement qui engage activement les riverains de lacs dans l'acquisition de connaissances sur la qualité de l'eau.
Les données collectées permettent de mieux comprendre la dynamique et l'évolution de l’état des lacs du Québec. Elles jouent un rôle essentiel pour les différents organismes de bassin versant et pour les organisations cherchant des solutions pour préserver ces plans d’eau.
Il est cependant important de noter que la surveillance de la qualité des lacs repose encore sur des bases fragiles. Elle dépend en grande partie du travail de bénévoles. De plus, ce n'est qu'une petite fraction des 3,6 millions de plans d'eau douce du Québec qui fait l'objet d'analyses, et environ 35 % des lacs inscrits sont dans les Laurentides.
Les lacs du Québec sont confrontés à un ensemble complexe de menaces qui mettent en péril leur fragile équilibre. Ces menaces sont vastes et variées. En voici un aperçu.
L’eutrophisation est le phénomène par lequel des nutriments s'accumulent dans un milieu. C’est un phénomène naturel s'échelonnant sur des milliers d’années; il devient problématique lorsqu’il se produit trop rapidement. Il est donc important de distinguer l’eutrophisation naturelle s’échelonnant sur des milliers d’années et l’eutrophisation anthropique se produisant en quelques décennies.
Le problème de l’eutrophisation anthropique (c’est-à-dire due aux hommes) se produit lorsque des quantités excessives de nutriments, tels que l'azote et le phosphore, sont introduites dans un lac en grande quantité et très rapidement. Généralement, c’est dû aux activités humaines telles que l'agriculture, la déforestation, l'utilisation de fosses septiques et d'engrais pour pelouses.
L'eutrophisation engendre une prolifération extrême de plantes aquatiques, notamment des algues, qui consomment l'oxygène dissous dans l'eau. Cela peut entraîner la mort de poissons, de plantes et d'autres organismes aquatiques, perturbant ainsi gravement l'écosystème du lac. Richard Carignan, professeur à l'Université de Montréal, a longuement étudié l'eutrophisation accélérée des lacs. Selon lui, environ 10% des lacs du Québec habités sont touchés.
Les cyanobactéries, aussi connues sous le nom d'algues bleu-vert, représentent une autre menace sérieuse pour les lacs du Québec. Elles sont particulièrement actives quand il y a présence de nutriments en excès, c’est-à-dire quand un lac est au stade eutrophe ou hyper-eutrophe.
Lorsque ces micro-organismes prolifèrent trop rapidement atteignent des niveaux élevés, ils peuvent produire des toxines potentiellement dangereuses pour la santé humaine et animale. La baignade et d’autres activités aquatiques ne peuvent plus être pratiquées dans ces plans d’eau.
Le nombre de signalements pour des cyanobactéries faits au Ministère de l'Environnement par des citoyens est passé de 61 à 265 entre 2019 et 2021. C’est un bond de 334 % en seulement deux ans. Ces signalements témoignent de la prévalence croissante des algues bleu-vert dans les lacs du Québec et de la nécessité de mesures pour les contrôler.
Le problème des eaux usées est un autre facteur de détérioration des lacs au Québec. Les infrastructures de gestion des eaux usées vieillissantes et inadéquates peuvent entraîner des déversements non traités de matières fécales et de produits chimiques dans les lacs, ce qui contribue à la pollution de l'eau.
Plusieurs experts demandent des investissements dans la réparation et l'optimisation de ces infrastructures pour réduire les pertes d’eau potable et les déversements d'eaux usées non traitées dans les écosystèmes. Selon une étude commandée par Réseau Environnement, une telle réduction engendrerait 324 millions de dollars de profits et limiterait la détérioration de l'environnement et des eaux partout au Québec.
Ce n’est pas seulement une responsabilité municipale. Les propriétaires ayant des installations septiques sur leur terrain ont le devoir de veiller à l’entretien de celles-ci et au respect des normes environnementales. C’est entre autres pourquoi des options de système de traitement écoresponsable des eaux usées comme Écoflo sont de plus en plus répandues.
L’état des lacs du Québec impacte grandement la qualité de vie de plusieurs espèces, incluant les hommes.
Lorsque l’état des lacs se détériore en raison de l'eutrophisation, des cyanobactéries et d'autres facteurs, la biodiversité aquatique est mise en péril. Les espèces de poissons, d'invertébrés et de plantes aquatiques qui peuplent ces écosystèmes souffrent du manque d'oxygène ou de la présence de toxines produites par les cyanobactéries.
La qualité de vie des communautés locales est étroitement liée à la santé des lacs. Les populations riveraines sont affectées de différentes manières. L’état des lacs peut rendre la baignade et la pêche moins agréables, voire impossibles. Les cyanobactéries peuvent produire des toxines causant des irritations de la peau, des yeux et de la gorge. Si elle est avalée, l’eau contaminée peut causer des maux de ventre, de la fièvre, de la diarrhée et des vomissements.
Outre les conséquences environnementales et sociales, la détérioration des lacs a également un impact économique significatif. L'effondrement des industries liées aux lacs, comme la pêche et le tourisme, peut entraîner la perte d'emplois et de revenus pour plusieurs personnes.
L'attrait des propriétés riveraines est aussi touché. Certains propriétaires ont vu la valeur de leur résidence chuter jusqu'à 25 % en raison de la mauvaise santé de leur lac voisin.
Apprenez-en plus sur les conséquences de la pollution de l’eau.
Tous les niveaux de gouvernements ont un rôle à jouer dans la protection des lacs et de l’eau. Cela passe par des investissements dans la surveillance, la réhabilitation des infrastructures et la mise en place de politiques de protection des bassins versants. C’est notamment ce que la Coalition canadienne pour des eaux saines demande. La protection de ces précieux écosystèmes est une responsabilité partagée. Chacun de nous peut contribuer à la préservation de l’eau de nombreuses façons.
« Les lacs du Québec et du Canada sont un trésor naturel inestimable qui mérite d'être protégé pour les générations futures. Il est temps d'agir collectivement pour assurer la santé et la pérennité de ces écosystèmes vitaux. » - Nan-B de Gaspé Beaubien