Depuis son implantation en Nouvelle-France, il y a 400 ans, la famille
de Gaspé Beaubien a toujours été en affaires. Du commerce des fourrures à la
brasserie Frontenac, des magasins de détail à la distribution électrique ou du commerce des valeurs mobilières à la diffusion radiophonique, le nom de Gaspé Beaubien est lié aux affaires et à la philanthropie. Un héritage que poursuit aujourd’hui Philippe de Gaspé Beaubien, PDG d’
Entreprises Télémédia.
Philippe de Gaspé Beaubien III et son frère François ont pris la relève de leur père Philippe de Gaspé Beaubien II à la tête de
Télémédia en 1998, trois ans avant que l’entreprise se départe de ses actifs dans
le secteur des magazines et de la radio.
Depuis 2002, Entreprises Télémédia est redevenue un holding familial privé qui s’est redéployé dans une dizaine de sociétés qui occupent les deux frères et leur sœur Nanon.
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On est très heureux d’avoir retrouvé l’anonymat d’une entreprise privée. C’est beaucoup plus agréable de faire des affaires en restant sous le radar. On peut travailler dans une perspective de long terme », constate Philippe de Gaspé Beaubien.
Le PDG d’
Entrerprises Télémédia est pleinement conscient d’être le chaînon d’une longue lignée d’entrepreneurs qui ont fait leur marque à leur époque respective. Il est aussi pleinement conscient qu’on ne fait plus les affaires aujourd’hui comme au siècle dernier.
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Pour mon père et mon grand-père, lorsqu’on bâtissait une entreprise, c’était le projet d’une vie. Maintenant, le monde est en constante turbulence, il faut être capable de bouger rapidement, de ne pas s’accrocher à un modèle ou un secteur », explique-t-il.
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Lorsqu’on a pris la relève chez Télémédia, on avait une vingtaine de stations de radio. On a décidé de consolider le marché canadien pour bâtir un réseau de ventes nationales. En trois ans, on a quadruplé la taille du groupe. J’achetais des stations en payant un ratio de cinq ou six fois les bénéfices. La dernière acquisition que j’ai faite, j’au dû payer 15 fois les profits. Mais on voyait le marché changer. En 2001, on a vendu nos stations de radio à 22 fois les profits. Ça été e plus gros prix jamais payé au Canada. Aujourd’hui, les ratios sont revenus à cinq ou six fois les bénéfices », relève le PDG.
Affaires et philanthropie entrepreneuriale
Depuis 2002,
Entreprises Télémédia a investi dans une dizaine d’entreprises en prenant des positions prépondérantes dans la plupart d’entre elles. La récession de 2008-2009 a été éprouvante pour certaines de ces entreprises, et Philippe de Gaspé Beaubien affirme être soulagé que cette période trouble soit passée.
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Mon frère François a acquis Zoom Média, dont il est le PDG. Ma sœur et moi sommes aussi actionnaires de cette entreprise. On est aussi un actionnaire important de Redline Communications, une entreprise de télécommunications qui offre des services de transmission haute vitesse de machine à machine.
C’est notre technologie qui a permis la transmission des images de la capture de Ben Laden. On a des clients gouvernementaux et militaires dans une centaine de pays. Je suis président du conseil de Redline, la seule entreprise publique de notre groupe. Sinon, je suis président du conseil de six entreprises dans lesquelles on a investi, dont Ingris, qui détient les droits pour la fabrication d’écrans en plastique qui serviront à l’industrie de la téléphonie et aux fabricants de téléviseurs. Ça va révolutionner l’industrie », anticipe-t-il.
Parallèlement à ses activités d’affaires, Philippe de Gaspé Beaubien est aussi pleinement impliqué dans les activités philanthropiques de la fondation que son père et sa mère ont créée en 1991.
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Si notre famille a toujours été en affaires, elle a aussi toujours été consciente qu’elle avait un rôle à jouer dans la communauté qui lui a permis de réussir », insiste le gestionnaire.
La
Fondation de Gaspé Beaubien a d’abord été créée pour soutenir les entreprises familiales qui sont responsables de plus de 70% des emplois au Canada, mais dont la majorité ne survivent pas au transfert de générations.
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Avec les années, la Fondation de Gaspé Beaubien a évolué pour réaliser ce quon appelle de la philanthropie entrepreneuriale. On ne veut pas seulement faire des dons, on veut participer aux causes qu’on décide de soutenir. Il faut que cela nous passionne."
CSSS des Sommets
C’est ainsi que la Fondation s’est impliquée dans le
Centre des services sociaux et de santé des Sommets dans les Laurentides, qui avaient des problèmes récurrents de fonctionnement, de budget, de rétention de personnel.
Philippe de Gaspé Beaubien père et sa femme Nan-b ont participé au redressement du CSSS en s’impliquant personnellement dans des rencontres avec tous les intervenants et en recourant à des ressources externes qui ont travaillé à la résolution de nombreux problèmes.
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Plutôt que de faire un don pour acheter une machine en espérant que ça règle une partie des problèmes, on s’implique pour trouver des solutions durables. Le taux de roulement du personnel a diminué de façon marquée, et l’Hôpital de Sainte-Agathe ne fait plus de pertes », observe Philippe de Gaspé Beaubien.
À partir du succès obtenu par la Fondation au CSSS des Sommets, il veut maintenant tenter pareille expérience avec l’
hôpital Sainte-Justine, qui a été fondé par
Justine Lacoste-Beaubien, l’épouse de Louis de Gaspé Beaubien.
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On ne veut pas juste faire des chèques, on veut s’impliquer. Mes enfants de 14 et 17 ans viennent d’initier une opération pour la dépollution de la rivière des Outaouais. Il nous faut des projets qui touchent aux prochaines générations et qui peuvent se répéter au niveau national et international », conclut le philanthrope entrepreneur.
Source : DÉCARIE Jean-Philippe, « Une famille en affaires depuis 400 ans », La Presse +, 6 septembre 2013.